Les Quartiers Libres 2006

(Gnawa Diffusion + Idir + M.A.P. + Alee)

 

Le mardi 18 juillet aux Glayeules à Rennes :

  Déjà, avec Gnawa Diffusion et Idir, la programmation de ces quartiers libres avait de la gueule, mais quand j'ai appris le jour même qu'en plus, il y avait le Ministère des Affaires Populaires et Alee d'aussi programmés pour cette soirée, je me doutais bien que ç'allait être une très belle journée. En plus, il fait beau, et le lieu du festival est bien sympathique, sur l'herbe, des gens qui viennent pour festoyer, le festival étant créé pour permettre à ceux qui ne partent pas en vacances de profiter quand même de l'été..

 

Le premier groupe qui passe, je le connais bien, puisque j'l'ai déjà vu de nombreuses fois depuis deux ans que je suis à Rennes, Alee et ses nouveaux nés rentrent sur scène, ce sont les originaux de l'étape, ça se voit, y'a toute la famille dans le public. Mais par contre, peu d'entre eux vont se mettre debout devant la scène pour encourager le chanteur.

Première surprise que nous réserve Alee, dès le premier morceau, alors que l'on reconnait Dany avec sa guitare, on voit d'autres musiciens, une flûtiste qui ne ressemble pas à celle qui chantait la dernière fois, puis surtout, il y a une batterie sur scène, ce qui a le don de m'étonner au plus grand point, et la batterie sera jouée en plus tout le concert.

Donc une première chanson surprenante, je ne me souviens plus de laquelle c'était, puis Alee présente le guitariste, lui aussi un Ali, qui remplace pour la soirée Hubert, qui d'habitude est présent avec Alee. La Flûtiste disparait, et l'on retrouve un Alee avec sa basse et sa guitare, et avec la batterie, qui va donner au concert un rythme qui manquait peut être avant, une grosse évolution !

Donc après avoir chanté en début de concert il me semble, Rue des Peines, et ptête Je chante, et peut être même On n'a plus le temps, j'ai vu derrière sur la scène Nida qui traînait dans le coin, donc elle allait bientôt venir sur scène. Et gagné, Alee l'appelle pour venir chanter No Stress, une chanson no stress pour ce chanteur, qui n'a d'ailleurs pas du tout l'habitude de stresser.

Et le groupe est aussi sans stress, ils sont très tranquilles ce soir, très cools. Et lorsque Alee va présenter son prochain morceau, Ferme ta Bush, ça manque un peu de tonus et de véillité, car c'est surtout la présence de Desouzes qui va faire enflammer le jeu de scène. Pas grave, la chanson se veut puissante, et l'est plutôt, Alee a pris largement une autre dimension depuis la première fois que je l'ai vu. Ca y'est, il chante bien ! (d'ailleurs, il chante "je chante", c'est pour dire).

Nida reste encore sur scène (pour le plaisir des yeux et de l'appareil photo, ce n'est pas du tout une peine), pour la chanson, c'est un peu moins joli, une chanson qui déjà la dernière fois ne m'avait pas transcendé, cette fois ci non plus, la Différencia, un peu moins bonne que les autres.

Alors que nous sommes toujours très peu debout devant la scène, on peut percevoir sur le côté de la scène (que quitte Nida et d'autres musiciens) la présence de Mr Roux .. oulaaa, un duo de programmé ? Entre temps, Alee nous offre un Récidiviste des plus poignants, nous livrant une nouvelle fois toute l'étendue de son talent.. accompagné qu'il était par la flûtiste, revenue sur scène.

Puis viendra la dernière chanson du groupe, pour conclure le concert, et là viendra Mr Roux pour chanter Allons Enfants avec Alee, et ce sera très très mémorable, assez génial même. Une musique rythmée, et deux chanteurs qui se donnent la réplique, Mr Roux un peu hésitant mais qui a toujours sa voix rocailleuse, l'une des plus belles du moment, et un Alee très sûr de lui, et qui vient booster les hésitations de Mr Roux. Ce duo sera vraiment excellent, et concluera parfaitement ce concert !!

Troisième fois que je vois Alee en concert, à chaque fois, il me met sur le cul, et à chaque fois, il me met sur le cul encore plus fort que la fois précédente ! BRAVO !

 

Sous le soleil, on attend le prochain groupe, le Ministère des Affaires Populaires. Groupe que je connais largement de réputation depuis quelques temps, puisque tous les aperçus que j'entends me disent clairement que ce groupe est un génial, et qu'il ne faut absolument pas les louper. Rien que Fred des Karpatt m'en avait parlé un mois avant .. donc bien pressé de les voir ..

Et alors qu'on attend le moment où ils vont rentrer sur scène, voilà que l'on entend le violon jouer, mais personne sur scène, surprise .. on se penche encore plus vers la scène, en nous demandant d'où vient le son. Puis on se retourne, et on voit du mouvement dans le public, les M.A.P  sont dans le public, deux musiciens, et deux autres qui jactent bien fort ..

Le temps de commencer à mettre le feu dans le public, ils remontent sur scène, nous chantant Fallait pas nous inviter, une chanson où le thème de la chanson est M.A.P, eux. Et déjà, pas mal, l'accordéon et le violon viennent rythmer le rap des deux chanteurs, l'un en blanc, l'autre en rouge, tous les deux aux couleurs du M.A.P. Derrière, on retrouve un cinquième luron, aux percus, et au scratch rapeux ..

Ce premier morceau va se terminer par une tradition du nord, du grand nord sibérien (ils viennent de Lille), et tradition oblige, pour participer à cette chanson, il faut se mettre debout, et c'est comme celà qu'ils vont réussir à mettre debout tout le monde qui était derrière la fosse .. et ça va alors balancer avec l'accordéon et le violon ! bien bien balancé !

Pour continuer, un petit son militaire va venir faire remuer le public, Debout la d'dans, encore une fois, c'est bien rythmé, et les rappeurs s'amusent à nous faire bouger, toujours sous l'impulsion des deux instrumenteux. Mais le rythme du concert va un peu baisser par la suite, avec d'autres chansons un peu moins rythmées, plus rapées, et moins instrumentées ..

 

Donc là, un petit passage à vide, et ils vont aussi faire une chanson arabe avec le violonniste qui nous fera quelques sons de voix, c'est pas super (surtout quand après, y'a les Gnawa et Idir), et ce n'est pas dans ces situations qu'ils vont mettre le feu au public, qui pendant ce temps là va un peu être dans l'attente.

Ils vont revenir aux joies du rap musette, plus convaincants je trouve que Java. Ils ne sont pas mauvais rappeurs, et les deux musiciens se débrouillent bien, même si je ne connais pas bien Java. Ils ressemblent aussi à Zebda sur certains de leurs morceaux, notamment quand ils vont critiquer la France avec leur Balle Populaire, qu'ils chantent avec un bandeau aux couleurs de la France, comme des Maires.

Sur l'un des morceaux, peut être celui là, Dias est même venu dans le public, alors que sur scène, son accolyte Ashka faisait vibrer tout le monde, les deux profitent largement aussi de l'accordéon et du violon. Ils jouent avec et ça passe très bien. Il y aura aussi un autre moment où Dias va se retrouver tout seul sur scène, et va nous sortir un slam très virulent, très imposant, très solennel, un très bon slam suivi par son compère qui va alors commencer à chanter une chanson sur la France ..

Deux chansons dont je me souviens bien, une chanson que chante Ashka, avec un petit rythme des îles, chanson dans laquelle il lui arrive plein plein de choses, d'abord une chanson d'amour, puis une chanson qui devient un peu plus corrosive, mais toujours sous le même festif "et elle m'a dit dégage, mais tu m'as pris pour qui, pauvre naze", tout ça avec un plaisir très agréable du rappeur, une très belle chanson .. sur cette chanson, le groupe m'a beaucoup plu !

Puis la seconde chanson a été je pense la dernière du concert, c'est une chanson de chez eux, une chanson sur les jeunes de Lille, Lillo, chanson qui vient décrire leur situation, leur vie.. pour terminer un concert sous une grosse ovation, une bien belle ovation, pour ce groupe très sympathique, effectivement ..

 

Petite pause dans le festival, l'organisateur (que l'on retrouve très souvent sur Rennes, au festoch des nouveaux étudiants entre autres) vient sur scène, et vient remercier la ville rennaise, les bénévoles, vient parler de multiples choses, et vient présenter Idir, qu'il n'est pas peu fier de nous présenter !

 

Car arrive Idir, tout d'abord, ce sont ses musiciens qui arrivent sur scène. On retrouve les mêmes musiciens que j'avais vu une année avant en concert en Bretagne. Là encore, c'est la Bretagne, mais puisque c'est un festoch pour les jeunes des Cités, il y a beaucoup de grands amoureux d'Idir, qui vient ici comme un prophète ..

Et l'ovation qu'il reçoit quand il rentre sur scène est assez énorme, et la joie vient parcourir les visages dans le public, alors qu'il se lance dans son premier discours de la soirée, parlant une nouvelle fois de paix, de tolérance et autres, dont il est le plus fidèle des ambassadeurs.

Commencent le concert des chansons douces, pour venir saluer la nuit qui tombe sur Rennes. Le flûtiste se défend sur un titre comme peut être Isefra (je ne vais pas donner beaucoup de titres, je n'en connaissais que peu d'entre eux). Dans le public, de nombreux spectateurs viennent chanter, l'ambiance y est festive, mais parfois pas assez respectueuse, m'enfin .. il y a quand même une grosse communion avec le public.

C'est je pense l'un des grands attraits d'un concert d'Idir, et quand il nous présente une chanson qu'il dédie à sa mère, sous les sons de flûte de Ssendu, la tristesse qui est perçue dans sa voix avait été synonyme de nuages pluvieux à Fouesnant, pas ce coup ci, et l'ambiance y était moins solennelle, dommage car la musique qui suivait était plutôt jolie, et m'avait déjà marqué un an auparavant, et en écoutant le disque, elle me marque encore.

Il va enchaîner sur d'autres musiques comme Zwit Rwit, un peu plus rythmées, mais pas encore de gros rythmes, ou encore la très douce Cfiy, la plus rythmée Cteduyi. De nombreuses chansons que je viens d'écouter sur l'album A Vava Inouva, que je connaissais bien lors du concert, je ne sais pas pourquoi .. ma maman pitêtre ..

Idir, c'est aussi de nombreux musiciens qui se font une joie toute complète de l'accompagner sur scène, le guitariste et le percussionniste/choristes ne cessent de se marrer entre eux, et de jouer avec leurs instruments. Le pianiste s'amuse comme un fou avec son clavier, lançant des regards complices avec Idir, qui lui aussi est complice avec le flûtiste .. même sur scène, on sent qu'il y a de la joie à jouer de la musique.

Puis, plus que la joie, il y a aussi toute l'intensité et les émotions d'un concert d'Idir, et ils le savent. Le Percussioniste va venir chercher une tite fillette dans le public. D'abord peu entrain à danser, la fillette reste immobile lors d'une première chanson, mais commence à se lacher et à danser lors de la seconde chanson, sous le sourire d'Idir et de son percussioniste .. N'empêche, la petite ne s'en ira pas avant de serrer dans ses bras un Idir qui me paraissait surpris .. c'était plutôt touchant, et .. reflétait ce que représente Idir ..

Là, il va annoncer la chanson sans laquelle il ne serait pas là ce soir, et on sent A Vava Inouva venir, et c'est bien celà, mais le chanteur joue avec le public, puisqu'il commence la musique et attend que le public commence à chantonner, avant de filer sur une autre chanson, Tizi Ouzou (les airs de San Francisco), ou par une chanson enfantine (mon ami pierrot pitêtre)..

 

Mais il continuera la troisième fois sa chanson, et ce sera parfait ! Un A Vava Inouva très solennel, avec tout le public qui reprend la chanson avec lui qui nous laisse chanter son refrain .. C'est un moment doux et tellement fort qu'il fout des frissons partout partout .. et l'ovation qui suit n'est pas usurpée..

Et ça continue très fort avec le vrai Tizi Ouzou qui vient embraser un public breton, donc quand on reprend du Maxime Le Forestier, ça fait tout péter .. en plus, la version chantée en français-kabyle est vraiment extraordinaire et commence une fin de concert qui sera totalement énorme, avec Azwaw qui est la chanson la plus rythmée de son répertoire, et avec laquelle nous pouvons bien bouger et chanter ..

Le concert se termine, un petit rappel est demandé, il revient et présente un à un ses musicos, avec le pianiste qui vient chanter Awah Awah au micro du guitariste, un chant bien sûr accompagné par le public. Et celà concluera le concert ... encore un concert énorme de la part de ce poète berbère .. un grand moment solennel comme il est très rare de vivre !

 

Arrive alors un groupe que j'attends de voir maintenant depuis cinq ans, quasiment jour pour jour, puisque Gnawa Diffusion a été l'un de mes premiers concerts, aux Vieilles Charrues en 2001, juste après que j'ai eu mon bac .. et là, je les revois alors que je suis à quelques jours de devenir prof, donc c'est un groupe que j'aurais vu juste avant mes études, et juste après mes études, mais pas entre les deux .. original non ?

Si bien que je n'ai que très peu de souvenirs de Gnawa Diffusion en concert, sauf que c'était bien et je me rappellais du chapeau de l'un des musiciens qu'il faisait tourner au dessus de sa tête .. et je croyais me souvenir de la tête du chanteur.

Quand les Gnawa sont venus sur scène, déjà, beaux instruments sur scènes, beaux costumes de scène, pas de chanteur pour le moment, mais des musiciens qui commencent à jouer. Puis le chanteur vient sur scène, et vient prendre son bel instrument, et à part le fait que le concert s'annonce génial, je suis surpris, je voyais Amazigh Kateb beaucoup plus vieux qu'il l'est vraiment .. il parait tout jeune et il a une bonne gueule !

Et il n'a pas la voix de son physique, enfin ça ne va pas ensemble, car sa voix grave est totalement surprenante, et tellement jolie qu'elle va rythmer le début du concert, avec un Madanga il me semble pour commencer le concert avec des Salaam Halikoum rythmés par les musiciens du Gnawa qui se sont tous mis au Karkabas, des percus qui ressemblent à des cymballes miniatures.

On notera aussi le truc que je me suis rappellé tout au long de ces cinq ans, c'est Pierrot qui en était le grand acteur, puisque c'est lui qui en tournant la tête vient faire tourner son couvre chef au dessus de sa tête, il s'amuse bien, et moi je retrouve l'admiration que j'avais à l'époque.

Un début très entraînant, qui va continuer quand les instrumenteux vont prendre leurs guitares, avec des engins aussi traditionnels, notamment l'instrument d'Amaz. Et l'on retrouve le son Gnawa, un son qui vient tout droit du sud saharien, et qui vient parfaitement conclure cette soirée de concert. Amaz fait preuve de sa superbe voix, dans ces nouvelles chansons, dont je ne pourrais donner celles qui ont été chantées, malheureusement, car il est difficile de différencier deux chansons de Gnawa Diffusion, deux jours après le concert.

Je me rappelle cependant dès le commencement du concert d'avoir chanté en choeur avec le groupe, enfin surtout avec Amaz un Ouvrez les Stores que je connaissais depuis longtemps, une belle chanson, dans laquelle il a encore une grosse voix. Je me souviens aussi d'autres chansons que je connaissais d'avant Souk System, mais je n'ai pas Algeria avec moi, et je suppose qu'elles sont sur ce disque, puisqu'en écoutant Bab el Oued Kingston, je ne me suis pas souvenu d'anciennes chansons .. sauf peut-être un Kabariou ...

Amaz va lacher son instrument et terminer le concert seulement à la voix, faisait parfois participer le public, ou en tenant des propos sur l'engagement tenu par son groupe. Tout ça dans une ambiance festive et gnawa, si bien qu'on est très nombreux à danser sur le groupe, même s'il commence à être tard, et que nombreux gens du public sont partis, mais il reste encore du monde.

Là, il va y avoir un passage à vide dans le concert, surtout pour moi, qui manquait cruellement d'eau à boire (il faisait très chaud), et puis, je pense que le groupe jouait des musiques que je ne connaissais pas, peu rythmées, très peu de chanson de Souk System, il y a eu un Ya Laymi avec une danse du chanteur avec Aziz il me semble au début de la chanson.

Puis il va nous faire participer avec lui sur Douga Douga, un peu explosif, d'autres chansons (pas d'Herbe est Grass au désarroi de mon voisin), sûrement Match Bettikh, mais encore une fois pas des chansons les plus remarquables de Souk System, même s'il me semble qu'il va nous chanter une chanson en français sur la police qui regroupait trois ou quatre chansons .. mais je n'ai pas réussi à découvrir lesquelles.

Le concert terminait très bien, tout en rythme, tout en plaisir dansant, on dansait avec le groupe, et la musique Gnawa est vraiment très agréable, plus peut être en après midi, sous le soleil en pleine forme, là, la fatigue venait, mais après un petit passage à vide, j'étais très bien, et pouvais profiter du concert ..

Puis ils vont sortir de scène après un concert dont j'ai sauté sûrement quelques passages, comme Aziz qui vient jouer lui aussi de son instrument et qui va aussi chanter dans ce concert, ou une autre danse entre Aziz (encore lui) et Pierrot, qui là encore nous offrira des petits tours de tête, ou encore quelques bribes de Amaz .. mais je ne m'en souviens plus ..

Je me rappelle par contre parfaitement de la fin, après le rappel, puisqu'à l'instar du début du concert, ils vont tous revenir au centre de la scène, et avec Amaz au centre, ils vont tous de nouveau jouer du Karkaba et lancer un Guel Ou Dem, qui terminera ce concert dans la veine festive et jolie Gnawaïenne .. un vrai petit délice pour terminer !

 

Et voilà ce charmant festival qui se termine, quelle soirée ! J'en ai eu tellement l'eau à la bouche, qu'il me manquait d'eau. Une bouteille d'eau vidée plus tard, je retournais chez moi après avoir vécu l'une de mes plus belles soirées de l'année, car quatre très bons concerts en une soirée, c'est assez rare !!